La manifestation londonienne du samedi 11 novembre en soutien à la Palestine devrait finalement avoir lieu. Après dix jours d’intense polémique, la Metropolitan Police, la police du Grand Londres (Scotland Yard), n’a pas cédé. Son commissaire en chef, Mark Rowley, un spécialiste de l’antiterrorisme, a refusé de l’interdire malgré les pressions du gouvernement conservateur, qui jugeait que sa concomitance avec « Remembrance sunday » (« le dimanche du souvenir »), la commémoration de l’armistice de la première guerre mondiale, était « irrespectueuse ».
Ce bras de fer inédit entre la police et le pouvoir exécutif dit beaucoup de l’indépendance des forces de police au Royaume-Uni et de leur approche libérale à l’égard des manifestations, mais aussi des tentations d’instrumentalisation politique du conflit israélo-palestinien.
Tout a commencé par une déclaration provocante de Suella Braverman, la ministre de l’intérieur, qui s’est fait une spécialité des propos incendiaires pour attirer l’attention des médias, son ambition de remplacer un jour Rishi Sunak à la tête du Parti conservateur ne faisant plus grand doute à Westminster. Lundi 30 octobre, cette femme politique mariée à un Britannique de confession juive a qualifié de « marches de la haine » les manifestations pro-Palestine ayant eu lieu chaque samedi à Londres depuis le massacre perpétré le 7 octobre par le Hamas en Israël. Mercredi 8 novembre, elle insistait dans les colonnes du Times, accusant la police d’être plus laxiste avec les manifestations de gauche que de droite.
Manifestations dans le calme
Rassemblant jusqu’à 100 000 personnes le 21 octobre et des dizaines de milliers le 28 octobre, les marches londoniennes ont donné lieu à 188 arrestations selon la police, mais se sont déroulées pour l’essentiel dans le calme, les manifestants brandissant surtout des panneaux « Free Palestine » ou réclamant « un cessez-le-feu ». Parmi ceux qui ont été arrêtés pour suspicion d’apologie de la haine, deux femmes qui arboraient des stickers à l’effigie des parapentes utilisés par le Hamas pour infiltrer Israël, ou des porteurs de drapeaux noirs appelant au djihad. La police s’est faite discrète, ne déployant des officiers à cheval qu’aux endroits les plus susceptibles de voir des tensions émerger : près de Downing Street.
Les organisateurs des manifestations, dont PSC (Palestine Solidarity Campaign), ont joué le jeu, évitant de passer sous les fenêtres de l’ambassade d’Israël ou de planter un chapiteau face au Cénotaphe, le monument aux morts des deux guerres mondiales sur Whitehall, comme lors de la manifestation du 14 octobre.
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