En Belgique, la gare de Bruxelles-Midi minée par l’insécurité et l’insalubrité

En Belgique, la gare de Bruxelles-Midi minée par l’insécurité et l’insalubrité

La devise de Jean Spinette est « la résignation est un suicide quotidien ». Le bourgmestre socialiste de Saint-Gilles, l’une des dix-neuf municipalités de la région de Bruxelles, affirme donc qu’il « ne lâchera rien » dans son combat pour assurer la sécurité des usagers et des riverains de la gare du Midi, située sur le territoire de sa commune.

Ce quartier fait de nouveau la « une » de l’actualité parce que s’y déroule chaque jour une dizaine de faits de délinquance, parfois très graves, qui ont fini par préoccuper les autorités fédérales. Jean Spinette s’en soucie, lui, depuis le début des années 2000 et il s’est longtemps senti bien seul pour dénoncer l’insalubrité des lieux, la violence qui y règne, les ravages du crack, les carences de la police fédérale, l’absence des services en charge de la politique d’asile ou le délabrement de la justice, qui relâche le lendemain des délinquants appréhendés la veille par les policiers locaux.

La plus grande gare belge, vaisseau au cœur du plus important nœud ferroviaire du royaume, a été inaugurée en 1869. Elle tient son nom de la ligne du Midi qui, dès 1840, relia Bruxelles à la France. Bruxelles-Midi voit défiler quotidiennement quelque 50 000 personnes et est la porte d’entrée de voyageurs venus de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni ou des Pays-Bas à bord des Thalys, Eurostar ou ICE, sans compter les trains de nuit arrivant de Vienne ou d’ailleurs.

Touristes, hommes d’affaires, fonctionnaires internationaux : tous n’ont pas appris les règles à suivre. Eviter de se promener seul, surveiller son portefeuille et son portable, ne pas céder à la mendicité, etc. « J’arrive le lundi et je m’engouffre dans un taxi, je repars le jeudi soir et je marche à grand pas vers le train ; j’avoue, j’ai peur », confie ce cadre d’une grande société française.

Récemment, un visiteur ignorant la situation sécuritaire désastreuse au sein et autour de la gare cherchait son chemin et s’est engagé dans ce que les habitués désignent comme « le couloir du mal » : « Il en est ressorti sans son argent et ses papiers, mais avec un œil au beurre noir », raconte, mi-amusé, mi-consterné, Ahmed, de la compagnie des Taxis verts.

Bagarres, drogue et agressions

« Cette gare n’est pas celle de ma commune, mais celle de la capitale de l’Europe, d’un pays, de trois régions ! », s’emporte le maire de Saint-Gilles, déplorant « la cécité politique de certains et la volonté d’autres de dénoncer, surtout, la prétendue défaillance des institutions bruxelloises ». La presse et les politiques néerlandophones ne sont, il est vrai, jamais les derniers à critiquer la gestion régionale à Bruxelles. La question de la sécurité à Bruxelles-Midi a d’ailleurs été relancée par le récit d’une famille venant d’Anvers et contrainte de passer la nuit aux abords de la gare.

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