Tout faire pour tenter de combler le fossé entre les pays émergents et les Occidentaux, que la guerre en Ukraine est venue révéler et creuser. Les débats de l’Assemblée générale de l’ONU, qui commencent mardi 19 septembre, à New York, vont se dérouler dans l’ombre des combats qui continuent de faire rage, dix-neuf mois après l’invasion russe. En pleine contre-offensive ukrainienne, le conflit devrait être abordé de front par les présidents américain, Joe Biden, et ukrainien, Volodymyr Zelensky, à l’ouverture des discussions. Les diplomates des pays occidentaux, tout comme leurs collègues onusiens, n’ont cependant eu de cesse de marteler que les préoccupations des pays pauvres, comme celles des émergents, seraient au centre des travaux des quelque 140 chefs d’Etat et de gouvernement attendus, sur 193 Etats membres.
Tenu à l’écart du sommet du G20, organisé il y a dix jours à New Delhi, Volodymyr Zelensky aura lui même à cœur de plaider sa cause auprès des nombreux dirigeants de pays dits du Sud global, qui refusent de choisir leur camp, entre la Russie et l’Ukraine. Après un discours à la tribune, mardi, il participera mercredi à une réunion du Conseil de sécurité, consacrée à la guerre qui déchire son pays. « Le président ukrainien joue gros », prévient Richard Gowan du centre de réflexion International Crisis Group : « Il pourrait braquer certains dirigeants de pays émergents, s’il ne modère pas son ton contre la Russie et l’ONU. S’il se concentre sur la défense de la Charte de l’ONU et sur la paix, que réclament plusieurs d’entre eux, il pourrait, au contraire, se faire de nouveaux alliés. »
A ce jour, Kiev et ses alliés occidentaux semblent avoir renoncé à organiser une nouvelle rencontre, après celles de Copenhague et de Djedda, sur le « plan de paix » présenté par M. Zelensky voici un an au sommet du G20 de Bali. Tandis que 35 Etats membres, dont 17 africains, la Chine et l’Inde, s’étaient abstenus de condamner Moscou aux lendemains de l’invasion, l’idée est d’éviter autant que possible la confrontation entre les Occidentaux et les pays du Sud, dont Moscou et Pékin prétendent souvent être les chefs de file. Pour Catherine Colonna, la ministre des affaires étrangères, qui conduit la délégation française au nom d’Emmanuel Macron, le Sud global est d’ailleurs une « expression erronée » : « La planète est vaste, elle est diverse, et quand j’entends le ministre russe des affaires étrangères parler du Global South comme si la Russie faisait partie du Sud, cela ne manque pas de m’interpeller. Je trouve que c’est à la lettre quelque chose d’inexact, peut-être même que c’est une expression trompeuse et qui vise à vous tromper. »
Il vous reste 63.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.