L’ex-secrétaire d’Etat américain et Prix Nobel de la paix Henry Kissinger est mort

L’ex-secrétaire d’Etat américain et Prix Nobel de la paix Henry Kissinger est mort

Il fut l’un des grands maîtres des relations internationales de 1968 à 1977. Henry Kissinger, parfois surnommé « Dear Henry », est mort le mercredi 29 novembre à l’âge de 100 ans dans sa maison du Connecticut, a annoncé un communiqué publié par son cabinet de consultants. Cet universitaire fut l’artisan de la realpolitik américaine et de la détente avec l’Union soviétique.

Heinz Alfred Kissinger est né le 27 mai 1923, à Fürth, dans le sud de l’Allemagne au sein d’une famille juive. Fuyant le nazisme, les Kissinger s’installent à New York en 1938. Son adolescence est difficile mais, déjà, il brille dans ses études. Pendant la guerre, il combat avec courage, notamment lors de la bataille des Ardennes (1944). A la fin du conflit, il se voit confier l’administration de villes bavaroises qu’il contribue à dénazifier.

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En 1947, de retour aux Etats-Unis, il est admis à l’université d’Harvard. Sa rencontre avec le républicain Nelson Rockefeller fait décoller sa carrière. Grâce à lui, il publie, en 1957, un ouvrage sur l’arme atomique, Nuclear Weapons and Foreign Policy (« Armes nucléaires et politique extérieure », non traduit) qui connaît un grand succès de librairie et lui assure une forte notoriété. Il devient alors une personnalité connue et appréciée et termine son doctorat en relations internationales.

Exécutant de la diplomatie de Nixon

Mais sa carrière politique ne prend son essor qu’à la fin des années 1960. En 1969, Richard Nixon, fraîchement élu, le nomme conseiller pour les affaires de sécurité, fonction qu’il cumule avec celle de secrétaire d’Etat à partir de septembre 1973. Henry Kissinger devient le seul exécutant de la diplomatie de Richard Nixon, qui fait peu confiance aux diplomates professionnels. Pour Kissinger, la stabilité du monde, garantie par l’équilibre entre les deux superpuissances, Etats-Unis et URSS, est vitale. Aussi s’emploie-t-il à la recherche permanente du compromis par la négociation, art dans lequel il excelle.

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Opposé à la guerre du Vietnam, il l’appuie une fois au pouvoir pour assurer le maintien de la puissance américaine en Asie. En 1973, il reçoit le prix Nobel de la paix pour être parvenu à un accord avec Hanoï sur la fin du conflit, ce qui n’empêchera pas le Vietnam du Sud d’être écrasé par le Vietminh en 1975.

Un an auparavant, il a enregistré deux succès majeurs. Il a organisé la visite de Nixon en Chine en février 1972, scellant le rapprochement avec Pékin. Et il a œuvré à l’entente avec Moscou avec la visite du président américain dans la capitale russe en mai 1972. Il réussit enfin à désamorcer le conflit issu de la guerre du Yom Kippour en octobre 1973 grâce au retrait des forces égyptiennes et israéliennes le long du canal de Suez.

Zones d’ombre

Richard Nixon écarté du pouvoir par l’affaire du Watergate, « Dear Henry » reste à la Maison Blanche sous son successeur, Gerald Ford, jusqu’à l’élection du démocrate Jimmy Carter qui prend la présidence des Etats-Unis en janvier 1977. Son œuvre diplomatique est majeure sous les deux présidents républicains et Henry Kissinger a réussi à séduire par son esprit brillant et son charme, son sens de la repartie et son humour acéré faisant souvent mouche tel un Talleyrand moderne. Pour expliquer son ultime voyage à Moscou, il déclarait ainsi : « Je ferais tout pour du caviar ! »

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Son désir de peser sur les affaires du monde a continué après ces postes officiels. Quatre décennies durant, à Washington et sur tous les continents, il a dispensé ses analyses géopolitiques et ses conseils stratégiques à travers de multiples réseaux, enchaînant fonctions officielles et missions privées, multipliant conférences, livres et articles de presse. Dans son dix-septième et dernier ouvrage paru en 2014, L’Ordre du monde (Fayard), l’ancien secrétaire d’Etat met en garde contre les variations d’humeur extrêmes de la politique étrangère américaine, « superpuissance ambivalente », oscillant entre les élans messianiques et le retranchement isolationniste.

Mais Henry Kissinger connut aussi ses zones d’ombre. Ainsi, en 1975, une commission d’enquête du Sénat américain a révélé son rôle dans la chute du régime de Salvador Allende au profit de la dictature Pinochet au Chili en 1973. Il restera néanmoins dans l’histoire comme celui d’un grand artisan de la « détente » Est-Ouest.

Henry Kissinger en quelques dates

27 mai 1923 Naissance à Fürth, en Allemagne

1938 Installation à New York

1943 Naturalisé américain

1943-1946 Sert dans l’armée des Etats-Unis

Janvier 1969-novembre 1975 Conseiller du président pour les affaires de sécurité

Janvier 1973 Signature des accords de paix de Paris sur le Vietnam, pour lesquels il reçoit le prix Nobel de la paix la même année.

1972-1974 Affaire du Watergate, qui mène à la démission de Nixon

22 septembre 1973-20 janvier 1977 Secrétaire d’Etat

29 novembre 2023 Mort dans le Connecticut